01er nov. au 5 déc.
Galerie d'art du Cégep de Jonquière
Saguenay, Québec
Entre deux jardins, 2024
Entre deux jardins symbolise la rencontre de deux mondes intimement liés : celui de l’artiste et celui de sa mère. Dans cet espace intermédiaire, histoires, émotions et souvenirs s’entrelacent, créant un dialogue entre présence et absence, vie et mort, amour et perte. À travers trois espaces interconnectés, l’artiste propose une expérience immersive explorant la beauté fragile de l’existence et la complexité des relations humaines. Cette exposition se veut à la fois un hommage à sa mère et un voyage introspectif abordant le deuil, la résilience, et les liens indéfectibles qui unissent les êtres. Elle invite chacun à cultiver son propre jardin intérieur, nourri de souvenirs, de joie et de douleur.
Dès l’entrée dans la salle d’exposition, une installation centrale composée de 600 échinacées pourpres aux teintes noircies et rouille attire notre attention, accompagnée de plusieurs bouquets de fleurs sauvages. Cette installation raconte une histoire personnelle entre l’artiste et sa mère. Depuis l’annonce de la maladie, l’artiste offrait chaque semaine des fleurs à sa mère en témoignage d’amour et de soutien, jusqu’à ce qu’elle lui demande de suspendre ce geste, affirmant que cet amour n’avait nul besoin de fleurs pour exister. Ces bouquets, symboles de vivacité et de lutte, incarnent la joie du don et de l’amour inconditionnel, tandis que les échinacées, associées à la guérison et à la résilience, rappellent ironiquement l’impuissance face à la maladie. Désormais séchées et inertes malgré des tentatives de préservation, ces fleurs évoquent le passage du temps, l’érosion de la vie, et la perte d’une mère aimée, portant ainsi un message poignant sur la beauté et la fragilité de l’existence.
Cette vidéo immerge le spectateur dans un univers organique et troublant explorant la prolifération invisible de la maladie au sein du corps à travers des fragments visuels mêlant chirurgies, parasites et cellules en mutation. Les textures et images abstraites évoquent tantôt des hématomes et métastases, tantôt des molécules corrosives et des zones saturées aux couleurs dramatiques ou ludico-galactiques. Les cellules, bulles et œufs rappellent les tissus cancéreux et les réalités intimes de la dégradation organique. Des méduses, flottant telles des cellules dans des liquides évoquant pétrole et acide, dessinent une analogie visuelle entre le soufre, le sang et la corrosion chimique. Les anémones et autres éléments marins renforcent la métaphore du corps comme un vaisseau liquide où les bactéries circulent dans un océan interne. Dans cet écosystème morbide, le liquide lymphatique et le liquide amniotique se confondent rappelant la mer comme matrice originelle, chaque microcosme cellulaire incarnant la lutte perpétuelle entre vitalité et décomposition.
La trame sonore amplifie cette tension, oscillant entre les cris de baleines et les chants de grenouilles et d’insectes, symbolisant des liens primitifs et maternels, marécageux et prolifiques. Ces sons, évoquant l’eau stagnante et la prolifération bactérienne, sont ponctués de glitchs numériques et se terminent par un bruit strident rappelant l’acouphène ou l’arrêt cardiaque suggérant l’agonie ultime. La lenteur des transitions, les jeux de transparence, la profondeur et le cadrage soigné étirent le temps matérialisant la propagation de la maladie à la manière d’un poison insidieux ou d’une gangrène rampante.