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Analyse d'un rêve,  

                  un cri du coeur infini

 

16 août au 8 déc. 2024

Biennale internationale du carnet d'artiste, 3e édition

Maison Tessier-Dit-Laplante

Société d'art et d'histoire de Beauport

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Analyse d’un rêve, un cri du cœur infini!, 2024, carnet d’artiste à partir d’un exemplaire déconstruit d’Analyses des Rêves de Sigmund Freud, acrylique, pastel, crayons sur pages originales du livre et papier calque, reliure japonaise, 30,48 x 25,4 cm

 

Cette exposition rassemble des artistes québécois, canadiens et internationaux, issus de disciplines variées, offrant ainsi une grande richesse de perspectives créatives. À travers cette démarche collective, l’intention est de dévoiler les phases sensibles qui précèdent l’œuvre et d’ouvrir un espace d’échange authentique entre la démarche artistique et le regard du public.

 

S’inscrivant dans une volonté de démocratiser l’art et de le rendre accessible à tous, le projet met en lumière le carnet d’artiste comme outil d’expression libre et spontané. Un simple crayon suffit souvent à faire émerger une pensée, un croquis, une émotion. Accessible, modulable, le carnet devient, une fois habité, une œuvre à part entière : point de départ, espace de recherche ou terrain de réflexion. Plutôt que de se centrer sur l’objet final, cette exposition célèbre l’élan créatif, ce moment fragile et fertile où les idées prennent forme. À travers les pages de leurs carnets, les artistes livrent une pensée à l’état brut, vivante, offrant au visiteur un accès rare à l’intimité du geste.

 

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La création de ce carnet prend appui sur un ancien livre d’analyse des rêves de Freud. Ce livre, comme un de dictionnaire du rêve, présente une suite de mots, chacun suivi de définitions ou d’interprétations symboliques. Il m’a attiré par son potentiel à faire émerger des résonances entre mes songes et mon vécu. Il est devenu le socle de ce carnet que j’ai d’abord déstructuré, puis réassemblé.

Plusieurs pages originales ont été conservées et trempées dans un liquide acrylique verdâtre, une teinte que j’utilise souvent dans ma pratique pour évoquer la maladie, le venin, la toxicité. Chaque page est intercalée de papier calque : matière translucide, floue, qui laisse passer la lumière tout en brouillant les formes. Le calque devient voile, filtre, membrane entre ce qui est montré et ce qui reste à deviner.

J’y ai griffonné des poèmes, souligné des mots, encerclé ceux qui résonnaient avec mon expérience du deuil, de la mémoire, de l’absence. Des mots ont été barrés, raturés, déformés. J’ai ajouté des symboles (chandelles, crucifix, serpents, tarantules) des icônes inspirées du tatouage, aux lignes noires, schématisées, évoquant la menace, la foi, la douleur, la survivance. Certaines pages sont tachées d’encre noire comme des nappes de pétrole, des effondrements, des trous dans le silence. D’autres sont éclaboussées de points de couleurs, comme si la tête tournait ou qu’une pluie de confettis tombait dans le vide.

Les médiums utilisés sont multiples : feutres, encre, pastels gras, aquarelle, taches, superpositions. Le tout a été relié à la main avec une couture japonaise. La couverture est faite d’un tissu récupéré dans mon atelier, un linge de maison taché de peinture, ancien drap transformé en essuie-mains. Il évoque à la fois les linges étendus de mon enfance sur la corde à linge, le geste répété et effacé du travail. Il enveloppe le carnet comme une peau.

 

Le carnet d’artiste, humble outil d’expression, devient ici pour moi un exutoire me permettant de transformer le trop-plein en parole. Ce projet m’a permis de canaliser, d’extérioriser, de déposer. Ce carnet, on peut le feuilleter. Il ne livre pas tout. Il laisse entrevoir. Il trace un passage entre rêve et éveil, mémoire et effacement, corps et disparition. Il ne raconte pas, il murmure. Il cherche à comprendre ce qui revient la nuit et ce qui reste le jour.

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